Le 1er amendement (4): les 100 premières années

Comme les Ă©vĂ©nements nous l’ont rappelĂ© ces dernières annĂ©es, avec l’administration Trump par exemple, le cadre politique et juridique d’une nation est fait de lois, d’institutions et de tribunaux, mais aussi de beaucoup de conventions. Pour que la loi s’exerce, il faut qu’elle soit testĂ©e : quelqu’un s’aventure dans la zone grise aux limites de la loi, et une interprĂ©tation rĂ©affirme, temporairement parfois, une nouvelle limite, qui peut ĂŞtre diffĂ©rente de la prĂ©cĂ©dente, et parfois moins claire qu’il n’y paraĂ®t, mais reste nĂ©anmoins valide jusqu’à ce qu’un nouveau test se prĂ©sente. La loi s’exerce aussi, en sens inverse, quand on dĂ©couvre que ce qu’on croyait dĂ©fendu ne l’est pas en rĂ©alitĂ©, que l’action nouvelle, choquante, qu’on voudrait voir interdite n’était en fait que convention : les tribunaux dĂ©cident qu’ils ne s’occuperont pas de ce cas. ...

April 11, 2020

Le 1er amendement (3) : les Lumières écossaises

James Madison lui-mĂŞme ne s’est pas appesanti outre mesure sur le besoin d’adopter ce premier amendement, mais Ă©tant donnĂ© le rĂ´le individuel qu’il a jouĂ© dans son adoption, il est important d’essayer de cerner ses motivations. Son discours introductif du 8 juin 1789 n’est pas très disert sur le sujet. Il se contente de remarquer que « la libertĂ© de la presse et le droit de conscience, ces insignes privilèges du peuple, ne sont pas garantis dans la constitution britannique. » Que certes on est dans une RĂ©publique et que d’aucuns pourraient penser que ces garanties, le rĂ©gime Ă©tant pour ainsi dire intrinsèquement bon, ne sont pas nĂ©cessaires, mais ça ne fait pas de mal : ...

April 10, 2020

Le 1er amendement (2) : le Bill of Rights

Le premier Congrès se rĂ©unit en mars 1789 Ă  Federal Hall, 26 Wall Street, Ă  New York. Au menu : l’élection de George Washington comme PrĂ©sident et de John Adams comme vice-prĂ©sident, la dĂ©cision de crĂ©er une capitale dans le sud du pays (victoire des Ă©tats du sud) et de faire assumer par le gouvernement fĂ©dĂ©ral les dettes des Ă©tats membres (victoire des Ă©tats du nord). Et aussi, bien sĂ»r, suite logique du difficile processus de ratification : il faut amender la constitution. ...

April 9, 2020

Le 1er amendement (1) : ratification de la constitution

La constitution américaine a été adoptée par la Convention de Philadelphie, dans sa version finale, en septembre 1787. Le Delaware devient, le 7 décembre, le premier État à la ratifier. La majorité des deux tiers des États, nécessaire pour que la nouvelle constitution prenne effet, est atteinte quand le New Hampshire ratifie à son tour en juin 1788. Mais le processus a été extrêmement difficile, et le premier Congrès, qui se réuni en mars 1789, adopte dès septembre 1789, soit deux ans à peine après l’adoption initiale de la constitution, un ensemble de dix amendements, dont le premier amendement qui nous intéresse ici, qui forment ce qu’on appelle le Bill of Rights. ...

April 5, 2020

Pourquoi parler de liberté d'expression ?

Je suis, par hasard et par chance, citoyen d’un pays dans lequel la libertĂ© d’expression est reconnue et protĂ©gĂ©e. Elle n’est pas absolue, elle ne l’est nulle part, mais en France comme dans la plupart des dĂ©mocraties, elle est une des bases du système politique et de l’organisation de la sociĂ©tĂ©. MĂŞme dans les pays qui ne la pratiquent pas d’ailleurs, la libertĂ© d’expression est malgrĂ© tout reconnue sous une forme ou sous une autre, au moins en principe : rares sont, sans doute, les sociĂ©tĂ©s qui assument aujourd’hui que ce ne serait pas du tout un droit. Par exemple la constitution soviĂ©tique de 1977 la reconnaissait dans son article 50, dĂ©clarant que les citoyens de l’URSS bĂ©nĂ©ficient de « la libertĂ© d’expression, de la presse et des rĂ©unions, cortèges et manifestations. » Et l’article 52 fixait Ă  cette libertĂ© des limites qui ne choqueraient pas dans une constitution dĂ©mocratique : par exemple « l’incitation Ă  l’hostilitĂ© ou Ă  la haine pour des motifs religieux est interdite. » ...

April 4, 2020