Dans une interview que je ne retrouve pas, Raymond Carver expliquait sa prédilection pour le genre de la nouvelle par ses circonstances matérielles.
Entre ses responsabilitĂ©s familiales, ses multiples emplois alimentaires et, aussi, ses problèmes d’alcoolisme, il n’avait tout simplement pas le temps de produire quoi que ce soit de plus long.
Alcoolisme en moins c’est aussi, au fond, la situation dans laquelle je me trouve. Je ne l’Ă©cris pas pour me plaindre, simplement pour attirer l’attention sur un effet secondaire nĂ©gligĂ© de la “condition des auteurs” dont on parle de temps Ă autre dans la presse : non seulement la plupart des auteurs (et des artistes) sont amateurs, mais c’est une contrainte qui influe probablement beaucoup sur la forme mĂŞme de leur production. Une sorte d’oulipo socio-Ă©conomique : la contrainte est d’Ă©crire par tranches de 45 minutes, sur votre tĂ©lĂ©phone, dans le mĂ©tro Ă 7h00 du matin (c’est ainsi que j’Ă©cris ceci).
Ce mois-ci, je n’ai pas de temps pour beaucoup plus que ça.
J’ai commencĂ© des choses. Je voulais parler d’une nouvelle d’E.M. Foster, La machine s’arrĂŞte, de la tradition allemande du Rum Verschnitt, ou rĂ©cupĂ©rer des pages de vieux journal d’octobre 1995 sur Renan, l’histoire et le nationalisme, etc. Par tranches de 45 minutes. Mais ce ne sera pas assez pour ce mois-ci. Demain peut-ĂŞtre, après demain. Mais pas aujourd’hui.